Sous embargo: 16 octobre, 2018; 12:01 GMT
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 Un projet de données innovant pour soutenir les petits exploitants agricoles et éliminer la faim

16 octobre 2018 (Rome) —Comment les donateurs peuvent-ils investir au mieux leur argent pour soutenir les agriculteurs les plus pauvres du monde à améliorer leur productivité, subvenir aux besoins de leurs familles et éliminer la faim dans le monde d’ici à 2030? C’est la question au cœur de Ceres2030, une initiative lancée lors de la session plénière annuelle du Comité de la sécurité alimentaire mondiale au siège de la FAO à Rome: comment pouvons-nous utiliser les données dont nous disposons actuellement pour favoriser l’accès à un régime alimentaire nutritif à plus de 820 millions de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire, tout en respectant les limites environnementales de notre planète? Et combien coûtent ces solutions?

Ceres2030 générera et déploiera de nouveaux outils pour trouver et évaluer des données probantes. Lancé à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation par l’Université Cornell, l’Institut international de développement durable (IISD) et l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), Ceres2030 est financé par une subvention de 3,1 millions de dollars de la Fondation Bill & Melinda Gates et du Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (Allemagne).

« Nous vivons à une époque ou la recherche est abondante, néanmoins nous ne savons pas comment l’appliquer efficacement à des problèmes réels et urgents », a déclaré Jaron Porciello, co-directeur de Ceres2030 et directeur associé de la Research Data Engagement au sein des Programmes internationaux duCollège d’agriculture et des sciences de la vie (IP-CALS) de l’Université de Cornell. « Par exemple, la stratégie « attraction–répulsion »peut elle aider les agriculteurs à vaincre la chenille légionnaire d’automne, qui menace l’approvisionnement en nourriture de 200 millions de personnes dans 44 pays? Avec des réponses à de telles questions, nous pouvons hiérarchiser les investissements pour aider à atteindre l’objectif zéro faim d’ici 2030. »

Ceres2030 utilisera le traitement automatique du langage naturel pour cartographier le plus grand nombre possible de connaissances en recherche agricole, établir des protocoles pour une analyse systématique, créer un outil de risque de biais, puis explorer de manière plus approfondie les interventions les plus performantes pouvant contribuer à éliminer la faim. Ces outils seront libres d’accès pour tous les chercheurs.

Jusqu’à présent, Ceres2030 a utilisé le traitement automatique du langage naturel pour regrouper plus de 25 000 articles provenant de 3 500 revues et bases de données d’agences majeures (FAO, CGIAR, Banque mondiale) afin d’examiner comment leur contenu répond à des problèmes critiques en agriculture. « En utilisant le traitement automatique du langage naturel, nous sommes en mesure de contourner les limitations  posées par les mots-clés et les catégories de contenus et de constater les conversations granulaires que la science entretient à l’intérieur et à l’extérieur de la recherche agricole évaluée par les pairs », a déclaré Porciello. « Nous pensons que c’est la première fois que quiconque est capable de visualiser la densité et la pertinence de la recherche qui s’applique aux petits exploitants agricoles. C’est une première étape ! »

La deuxième étape repose sur le consensus. « Le consensus est au cœur de notre mission », a déclaré Carin Smaller, co-directrice de Ceres2030 et conseillère principale en matière politiques à l’IISD. « Nous travaillerons avec un large éventail d’acteurs, à commencer par les participants au Comité de la sécurité alimentaire mondiale, afin de déterminer une vision commune sur les interventions qui fonctionnent le mieux, où elles fonctionnent et sous quelles conditions. » La troisième étape consiste à traduire cette compréhension commune d’interventions efficaces en actes. Et pour ce faire, les agriculteurs et les décideurs politiques doivent connaître non seulement la valeur des interventions, mais également leur coût. «Si nous voulons utiliser les données probantes dont nous disposons actuellement pour résoudre tous ces problèmes, les décideurs doivent savoir ce qui fonctionne, pourquoi et surtout ce que coûteront ces interventions», a déclaré David Laborde, co-directeur de Ceres2030 et chargé de recherche principal de la division marchés, commerces et institutions à l’IFPRI. « Cela signifie que nous devons connaître les compromis », a-t-il déclaré. « Alors que l’ONU a lancé au monde un appel à l’action avec l’ODD sur la faim « zéro », il nous a aussi donné une mise en garde cruciale: nous devons préserver l’environnement.”

« L’agriculture est un puissant instrument pour éliminer la pauvreté et aussi un moteur de la croissance économique », a déclaré Smaller. « Mais il est également responsable d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de près de 70% de consommation d’eau douce. La nourriture est également gâchée parce que les récoltes ne peuvent pas être correctement stockées, transformées ou commercialisées à temps. Ceres2030, qui est au cœur de ces problèmes cruciaux et envisage la manière de les résoudre, fournira à la communauté des donateurs des données factuelles basées sur ce qui fonctionne, quelles devraient être les priorités en matière de financement et pourquoi. »

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi le nom de Ceres2030, Porciello a noté que Cérès est la déesse romaine de l’agriculture et la déesse des gens du peuple. « Bien souvent, l’impact des projets de recherche agricole financés à grande échelle n’atteint jamais les petits exploitants agricoles », a-t-elle déclaré. « Nous allons changer cela. »

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Visite: www.ceres2030.org

Note aux éditeurs

Àpropos de IP-CALS:Les programmes internationaux du Collège d’agriculture et de sciences de la vie (IP-CALS) de l’Université Cornell permettent de relever les défis fondamentaux du développement et de la sécurité alimentaire en proposant des programmes d’enseignement, de recherche et de vulgarisation impliquant les étudiants des trois cycles, le corps enseignant, les professeurs et des professionnels en milieu de carrière. Avec des projets de recherche innovants et des programmes de diplômes axés sur l’alimentation, l’agriculture et le développement, IP-CALS améliore de manière positive et durable la sécurité alimentaire mondiale.

À propos de IFPRI: L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) explore des solutions durables pour éliminer la faim et la pauvreté. L’IFPRI a été créé en 1975 pour identifier et analyser des stratégies et politiques nationales et internationales alternatives visant à répondre aux besoins alimentaires des pays en développement, en mettant un accent particulier sur les pays à faible revenu et les catégories les plus pauvres de ces pays.

Àpropos de IISD:L’Institut international du développement durable (IISD) est un groupe de réflexion indépendant qui fournit les connaissances nécessaires pour agir. Notre mission est de promouvoir le développement humain et la durabilité environnementale. Notre vision d’ensemble nous permet de nous attaquer aux causes profondes de certains des plus grands défis auxquels notre planète est aujourd’hui confrontée: destruction de l’environnement, exclusion sociale, lois et règles économiques et sociales injustes, changement du climat. Avec des bureaux à Winnipeg, Genève, Ottawa, Toronto et New York, notre travail a un impact sur les populations de près de 100 pays.

Àpropos de l’ ODD2et Ceres2030: Les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies ont été adoptés par les pays en 2015, avec pour objectif de mettre fin à la pauvreté, de protéger la planète et de garantir à tous les peuples la paix et la prospérité. Faim « Zéro » est le deuxième des 17 objectifs. Comme le notent les Nations Unies, l’objectif de l’ODD 2 est «de mettre fin à toutes les formes de faim et de malnutrition d’ici 2030, en veillant à ce que toutes les personnes – en particulier les enfants – aient accès à une alimentation suffisante et nutritive toute l’année. Cela implique de promouvoir des pratiques agricoles durables: soutenir les petits agriculteurs et permettre un accès égal à la terre, à la technologie et aux marchés. Cela nécessite également une coopération internationale pour garantir les investissements dans les infrastructures et la technologie afin d’améliorer la productivité agricole. ”

Un examen de l’ODD2 lors du Forum politique de haut niveau en 2017 a porté sur la productivité des petits exploitants et la durabilité environnementale en tant qu’éléments clés à la réalisation l’élimination de la faim. Il a constaté un manque de données factuelles et de qualité à chacun de ces éléments pour permettre de les améliorer et de les combiner. Ceres2030 a été conçu pour détecter les données et les preuves en concevant des analyses de synthèse des données probantes et d’autres outils d’analyse pour la recherche en développement agricole et rural, en mobilisant des experts pour parvenir à un consensus sur les interventions et en modélisant les coûts afin que les ressources puissent être utilisées judicieusement pour mettre en oeuvre la bonne intervention, au bon endroit au bon moment.